Ce jeudi 5 décembre, l’association a été invitée par l’ARS (agence régionale de santé) et le CTSA (conseil territorial de santé d’armor) à la soirée dédiée aux addictions comportementales qui s’est déroulée à Plérin ; une belle reconnaissance d’une légitimité grandissante sur le territoire.
Ainsi, nous avons pu accueillir et renseigner sur nos actions et objectifs, de nombreuses personnes parmi les 200 présentes. Une nouvelle occasion de sensibiliser sur les TCA, de renforcer notre notoriété auprès d’un public constitué à majorité de professionnels de santé. Des professionnels en demande d’interventions en appui de leurs activités quotidiennes, conscients que la prévention est primordiale dans la prise en charge des TCA et qu’elle optimise les chances de guérisons rapides. Ces demandes nous encouragent dans notre combat quotidien et nous permettent de transmettre de l’espoir aux malades et leurs familles…
UN PROGRAMME RICHE CONCOCTÉ PAR LES ACTEURS DU TERRITOIRE
Au delà de l’accueil du public sur notre stand, nous avons eu le privilège d’assister en première partie de soirée à la table ronde autour de diverses thématiques en lien avec les addictions comportementales.
L’ADDICTION, QU’EST CE QUE C’EST ?
Le Dr Clarissou a rappelé combien les addictions étaient un problème de santé publique et qu’il ne fallait pas confondre dépendance et addiction. L’addiction étant un trouble lié à l’usage ; ainsi ce qui au départ est une recherche de plaisir se transforme en besoin. Le trouble occupe alors toutes les pensées et les répercussions sont énormes sur la vie du malade et de son entourage. Dans l’addiction, le problème est lorsque le système neurotransmetteur (dont la dopamine est le plus important) s’emballe, plus rien n’est alors contrôlable. En effet, la production de dopamine ayant procuré tellement de plaisirs, que lorsque celle-ci diminue, le plaisir diminue et la personne ressent donc à nouveau un besoin croissant de dopamine pour retrouver encore plus de plaisirs… le cercle infernal commence et l’on est plus capitaine du bateau…
Pour le Dr Seznec, l’addiction « c’est l’automatisme qui prive la personne de décision consciente. Cette ornière comportementale est renforcée par la libération de dopamine ».
Dans la dépendance, le problème est la perte de contrôle. La dépendance est physiologique, l’organisme s’adapte à l’effet du produit (ex tabac, drogue, alcool…) et développe une résistance. Le sevrage intervient faute de substance.
Le Dr Clarissou a également souligné la necessité d’une prise en charge pluridisciplinaire pour une efficacité optimale.
L’ADDICTION COMPORTEMENTALE : LE SYMPTÔME D’AUTRE CHOSE ?
Intervention de Isabelle SAMSON psychologue au CSAPA de St Brieuc. La psychologue définit l’addiction comportementale comme étant une activité spécifique répétée de manière compulsive, le trouble du contrôle des impulsions. Elle a tenu néanmoins à préciser que l’illusion de contrôle est importante. Pour ne pas tomber dans les addictions comportementales, il faut réussir à se fixer des limites, être en capacité de s’observer et de voir si on devient addict. Bien souvent la sonnette d’alarme est tirée par les proches car la personne en prise avec ses addictions se sent bien et ne voit pas le mal car bien souvent cela l’aide à être « moins mal ».
Dans les jeux vidéos par exemple, les conduites comportementales deviennent novices et sont des addictions quand la personne se sent bien devant son écran, quand elle ne contrôle plus le temps qui passe ou nie le temps qui passe, elle perd progressivement l’intérêt pour les autres choses, elle développe de l’agressivité et fatigue, voire s’épuise très facilement.
LES DISPOSITIFS ACCESSIBLES AUX JEUNES ET AUX FAMILLES : COUP DE PROJECTEUR SUR LE CSAPA (Centre de soin d’accompagnement et de prévention en Addictologie) ET LE CJC (Consultations Jeunes Consommateurs (Association Addictions France).
Les CSAPA prennent en charge les personnes ayant une consommation à risque, un usage nocif ou présentant une addiction (avec ou sans substance) ainsi que leur entourage.
Les CJC sont destinées aux personnes de moins de 26 ans et à leur entourage. Ils reçoivent les jeunes dont les demandes sont les suivantes : faire le point, évaluer leur consommation, se posent des questions sur leurs usages, souhaitent réduire les risques associés à leur consommation, sont en demande de changement et/ou d ‘accompagnement ou ne demandent rien mais peuvent avoir différents besoins. Les CJC peuvent aussi accompagner l’entourage. Elles sont présentes sur le territoire de St-Brieuc-Lamballe, Guingamp, Paimpol, Lannion mais aussi Dinan, Rostrenen, Loudéac.
CONFÉRENCE DU DR SEZNEC « ET SI ON SE LIBÉRAIT DE LA PRISON DE LA DÉPENDANCE » ?
Enfin, après la pause où le public était convié sur les différents stands, nous avons pu assister en seconde partie de soirée à la conférence donnée par le Dr Jean-Christophe Seznec, médecin psychiatre, praticien des thérapies comportementales cognitives (TCC), conférencier, blogueur et auteur de livres.
Le Dr Seznec est revenu en premier lieu sur l’addiction nous rappelant les 5C du Pr Karila pour parler d’addiction.
Contrôle : perte de contrôle
Consommation : envie irrépressible de consommer
Compulsion : activité compulsive pour chercher des substances et en consommer`
Conséquences : usage continu malgré les conséquences négatives
Continu : usage continu
Le psychiatre a utilisé une métaphore interessante ; celles du tigron. En effet, au départ on nourrit le tigron par de petits plaisirs, puis on fait grossir le tigron avec de + en + de plaisirs, celui-ci devient alors un tigre, tigre qui finit par nous dévorer.…
Puis il a expliqué la thérapie ACT, 3è vague des TCC (TCC = des thérapies centrées sur les émotions, l’accueil de celles-ci et leur acceptation), qu’il utilise dans le traitement des addictions.
La thérapie ACT est une thérapie de l’acceptation de l’engagement dans laquelle il faut restructurer le choix. Ainsi, malgré notre souffrance, il faut essayer de se rapprocher de nos valeurs en faisant les bons choix. Il faut observer le comportement, observer le choix qui a été fait et voir si celui ci a été efficace. On vit dans l’instant présent ; qu’est ce que je choisis de faire ? je ne veux pas rentrer dans une lutte. On ne peut pas enlever les envies, mais il faut essayer de noyer le déclencheur du comportement. Dans la thérapie Act, les mots « Il faut « et « je dois », sont remplacés par « Je choisis » et « je décide » et cela selon ses propres valeurs !
Conférence riche, qu’il serait bien difficile de résumer ici. Toutefois vous pouvez la retrouver sur le compte Facebook du conférencier qui assurait un live.
=> Pour aller plus loin sur le sujet des addictions, vous pouvez écouter les podcasts du Pr Karila (addiktions) et consulter le blog du Dr Seznec.
Il est à noter que le Dr Brigitte Rivière, responsable de l’espace TCA à Benoît Menni de St Brieuc avec laquelle nous avons pu échanger lors de cette soirée, nous a précisé que c’est précisément le choix de cette thérapie qui a été fait pour les personnes souffrant de TCA qui sont désormais prises en charge dans la structure briochine.